En ce 31 octobre, il fallait bien que nous rendions un tribut à Halloween, fête devenue si outrageusement commerciale que ses origines celtes christianisées sont malheureusement tombées aux oubliettes.
Rappelons pour commencer que "All Hallows' Eve" signifie "the eve of All Hallows' Day" en anglais contemporain, soit « la veille de tous les saints » ou « la veillée de la Toussaint », fête chrétienne célébrée le 1er Novembre, suivie le 2 Novembre par la Commémoration des fidèles défunts.
Elle serait un héritage de la fête païenne de "Samain" que les Celtes célébraient en Automne, et qui fut particulièrement populaire en Irlande, en Écosse et au Pays de Galles. Notre poète national, Robert Burns, fit ainsi un portrait des différentes coutumes liées à cette fête (Oidhche Shamhna en gaélique écossais) dans son poème Hallowe'en qui date de 1785.
Qui dit Halloween, dit esprits de l'au-delà (dans la culture celte, cette période de l'année était, pensait-on, propice à la communication avec les êtres habitant dans l'autre monde...). Et qui dit esprits de l'au-delà, dit châteaux hantés.
Ceci pour vous apprendre, chers lecteurs, que Glamis Castle est réputé être le château le plus hanté d’Écosse, notamment par une dame en gris qui serait le fantôme de Lady Janet Douglas, l’épouse du 6ème Lord of Glamis. L'écrivain romantique Walter Scott y logea une nuit et témoigna des sueurs froides que ce séjour lui valut : « Je dois avouer, écrivit-il alors, lorsque j’entendis derrière moi les portes se refermer les unes après les autres, après que mon guide se fût retiré, j’eus cette sensation d’être trop loin des vivants et quelque peu trop près des morts. »
Ce château construit au XIVème siècle fut la maison d'enfance de la propre mère de Sa Majesté Elizabeth II, feu Queen Mum Elizabeth Bowes-Lyon. Il ne serait pas surprenant que celle-ci, pour démystifier les lieux, ait lu Le Fantôme de Canterville, une hilarante et sympathique nouvelle d'Oscar Wilde mettant en scène une famille américaine, les Otis, aux prises avec l'esprit de sir Simon, l'ancien propriétaire des lieux et assassin de son épouse Éléonore en 1575. Malgré toute l'ingéniosité qu'il déploie, le fantôme de Lord Canterville, jadis si terrifiant, échoue dans toutes ses tentatives d'effrayer ces Américains décidément trop pragmatiques, modernes et terre-à-terre pour se laisser impressionner par un vulgaire avatar des superstitions de la vieille Europe, lequel est de son côté réduit à se faire humilier par de vulgaires spécimens venus du nouveau Monde.
Et comme tout se rejoint d'une manière ou d'une autre, nous ne pouvions clore ce chapitre sans évoquer la mère d'Oscar Wilde et poétesse irlandaise, Lady Jane Francesca Wilde. Celle-ci commit en effet un livre en 1887 intitulé Ancient legends, mystic charms, and superstitions of Ireland, œuvre dans laquelle elle présentait la mythologie de la « vieille race » irlandaise, dont de nombreux rites et légendes concernant... la nuit du 31 octobre au premier novembre (« November eve »)...
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